Messe de Minuit pour une histoire inouïe

On sait l’attachement de Sébastien Daucé à la musique de Marc-Antoine Charpentier 1643-1704). Le protégé de Mademoiselle de Guise et aussi des Jésuites a laissé un répertoire important d’œuvres sacrées. Sa « Messe de Minuit » atteint presque sur l’échelle de la notoriété son célèbre « Te Deum ». En cette période liturgique importante pour les chrétiens, elle offrait un programme judicieux, où s’intégraient d’autres pièces vocales et musicales. L’interprétation de l’Ensemble Correspondances était tout simplement magnifique. Le concert, au théâtre de Caen, a ménagé quelques belles surprises.

Le mystère de la Nativité inspire nombre de compositeurs. Sous le siècle de Louis XIV, Marc-Antoine Charpentier s’en saisit à de nombreuses reprises, encouragé par les Jésuites, pour qui la musique est un ressort pédagogique essentiel. Les mélodies qui ouvrent le concert répondent à ce projet. D’entrée, se révèlent toutes les qualités que Sébastien Daucé insuffle à son ensemble, par l’équilibre des pupitres au service d’une musicalité somptueusement douce et subtile.

Sébastien de Brossard, contemporain de Charpentier, apparaît comme une « guest star » dans ce programme qui inclut son « O Miraculum ». Interprété par des voix d’hommes, ce motet offre une introduction idéale à la « Messe de Minuit ». L’office suit le déroulé habituel qui évoque toute la vie du Christ, jusqu’à son sacrifice sur la croix et sa montée au ciel. Mais, au fur et à mesure, s’immiscent des airs spécifiquement liés à cette histoire inouïe de la naissance de Jésus.

Charpentier s’appuie sur des mélodies populaires, tout de suite séduisantes à l’oreille. L’exemple en est donné par le Kyrie et plus loin par « Or nous dites Marie », qui du latin au « françois », souligne toute la dévotion mariale. Dans ces deux cas, la participation de chanteuses et chanteurs de trois chœurs caennais, donne une ampleur singulière au concert. Répartis dans les loges les plus proches de la scène, et dans les allées latérales, ils appartiennent au Chœur de chambre et au Chœur de Jeunes du Conservatoire de Caen, ainsi qu’au Chœur Universitaire régional de Caen Normandie.

Un peu plus de cinquante participants enthousiastes à reprendre en bis l’air consacré à la mère de Jésus. Il conclut une soirée, qui laisse des impressions marquantes. Il y a cet écrin instrumental, personnifié par des interprètes de classe, dont le groupe de cordes où on a envie de distinguer le violon de Béatrice Linon ou la viole du Mathilde Vialle.

Côté voix, il y a toujours ce trio fameux de leaders, la soprano Caroline Weynants, la mezzo Lucile Richardot et son timbre si unique, et Etienne Bazola, basse. Là aussi, l’union avec le chœur est sans aspérités, aucune. Elle offre une merveille sonore, où là aussi, on a pu remarquer le ténor Jordan Mouaïssia et le haute-contre Paco Garcia.

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Concert donné le mercredi 20 décembre 2024, au théâtre de Caen. Ce programme a fait l’objet d’un enregistrement chez Harmonia Mundi, avec quelques variantes avec le concert en tournée.

 

 

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