Kyle Eastwood, au nom du père

Une salle Marcel-Hélie pleine comme un œuf, Kyle Eastwood a offert, à Coutances, pour la dernière journée de Jazz sous les pommiers 2023, une prestation filiale enthousiasmante. Dans une formule originale associant son quintet et l’Orchestre régional de Normandie, le contrebassiste a fait voyager dans l’univers de Clint, son père. Le « Eastwood Symphonic » a rappelé toute la palette des talents du dernier géant d’Hollywood, acteur, compositeur, metteur-en scène.

Il y a de quoi réjouir les amateurs de jazz et les cinéphiles _ deux passions loin d’être incompatibles _ avec ce voyage dans la filmographie de Clint Eastwood. Faire le tour musical d’une carrière aussi féconde occuperait tout un festival (enfin presque). Il est amusant de constater que les personnages qu’on associe encore à la vedette sont le Blondin de Sergio Leone (« Le Bon, la Brute et le Truand ») et l’Inspecteur Harry de Don Siegel.

Des rôles qui remontent aux « sixties » et « seventies » ! Leur évocation ouvre et conclut le concert, qui alterne séquences filmées où Clint et Kyle échangent des souvenirs, et passages orchestraux.  A la musique funky de Lalo Schifrin, si caractéristique, répond au terme d’un récital de près deux heures, le miaulement des notes d’Ennio Morricone. Là, ce n’est pas un harmonica mais le sax de Brandon Alen qui fait résonner l’accord légendaire.

Autre compositeur de musique de film, John William, fait aussi une incursion dans ce florilège, avec la mention de « La Sanction ». La suite donne pleine mesure au Clint Eastwood, créateur musical nourri de jazz, avec lequel des collaborations s’établissent avec Kyle, lui-même, le parolier Michael Stevens, ou encore le compositeur Lenie Niehaus. « Sur la route de Madison », Gran Torino », « L’Echange », « La Mémoire de nos pères », « Impitoyable »… témoignent de la diversité d’inspiration de Clint Eastwood.

Alternant basse électrique et contrebasse, Kyle Eastwood assure la rythmique appuyée par la batterie de Chris Higginbottom et le piano d’Andrew Mc Cormack. La section des cuivres est assurée par Quentin Collins, à la trompette et au bugle et Brandon Alen. Tous cinq sont épatants et leurs interventions solistes impeccables.

L’Orchestre régional de Normandie, conduit par Gast Waltzing, participe avec bonheur à ce répertoire avec des attaques claires, un « emballage » moelleux des cordes, des percussions au cordeau, des bois et des cuivres attentionnés. « Un orchestre incroyable », s’enthousiasme Kyle Eastwood, au moment des saluts largement applaudis.

Après l’opéra « Celui qui oui, celui qui dit », la formation qui fête ses quarante ans cette année démontre son éclectisme et ses capacités d’adaptation à de nombreux répertoires. La fusion contre-nature programmée avec l’orchestre de l’Opéra de Rouen semble bien en faire fi.

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Concert donné le samedi 20 mai 2023, au festival Jazz sous les Pommiers de Coutances.

 

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