Des couleurs de l’Irlande à celles de l’Ukraine

Double programme européen pour l’avant-dernière soirée de gala de Polyfollia. C’était, samedi soir, à l’église Sainte-Croix. Le concert a été ouvert par les Irlandais du New Dublin Voices. La deuxième partie a été assurée par les Ukrainiens du Credo Chamber Choir.

Comme leurs cravates, pour les hommes, et ceintures, pour les femmes, aux différentes couleurs de l’arc-en-ciel, le chœur de chambre du New Dublin Voices  offre  une palette vocale chamarrée. Cet ensemble conduit par Bernie Sherlock n’a pas dix ans et déjà un métier épanoui.

Cela est surtout vrai dans des œuvres sacrées, comme le doux « O Nata Lux » de Miskinis ou le céleste  « Stetit Angelus » de Richards Dubre. C’est vrai aussi, comme une évidence, dans le répertoire de la ballade, ainsi de « Danny Boy », sur la célébrissime mélodie de « Londonderry Air », dont on n’aurait pas été surpris que les colonnes de l’église se tapissassent à ce moment-là de vert…

En revanche, on reste peu plus réservé sur le choix de certaines partitions, qui nuisent à la consistance du programme. Elles ne mettent pas  en difficulté le chœur. C’est plutôt qu’elles sont entachées d’un modernisme qui vieillit mal. Le « Jubilate Deo » de John Hoybe, par exemple, souffre ainsi d’une accumulation d’effets inutiles.

Difficile de ne pas voir qu’ils viennent d’Ukraine avec leurs robes et chemises brodées, rubans et fleurs dans les cheveux. En costume traditionnel, les chanteuses et chanteurs du Credo Chamber Choir, en provenance de Kiev, font une entrée affirmée.

Nourri d’une tradition vocale séculaire, cet ensemble entraîne sur le chemin des grandes liturgies orthodoxes : du XVIe au XXe siècle. Des basses en eaux profondes au chatoiement soprano, en passant par les éclats du ténor, toute une majesté d’harmoniques emplit le chœur de l’église Sainte-Croix. Sur la pointe des pieds, le corps tendu au dessus de son pupitre, le chef Bogdan Plish paraît comme prêt à un envol.

Justement, on se laisse emporter par ces envolées amples que l’on retrouve dans le répertoire de chansons traditionnelle :  lyrique (« Verhovyna ») ou poignante avec « Allumer une bougie » (traduction), dont les effets dramatiques participent de la mise en espace. Au final, Bogdan Plish a dû anticiper l’heure d’hiver, car c’est avec un généreux programme de bis _ cinq voire six, on a oublié de compter _ qu’il a fait prolonger le concert, avec tout un éventail de chansons teintées de bonne humeur. Personne ne  s’est plaint. Au contraire.

Le 26 octobre 2014.

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