Le plein des voix à Sainte-Croix

Soirée dense, vendredi, à l’église Sainte-Croix. Le concert de gala réunissait trois ensembles. Ont successivement pris place sur scène le Bogaziçi Caz Korosu, qui vient de Turquie, le quatuor français Méliades, enfin le chœur australien Adelaide Chamber Singers.

Il faut croire qu’ils se sont donné le mot, les trois ensembles ont chacun commencé leur récital en venant du fond de l’église. Cela offrait une compensation aux auditeurs les moins bien placés dans un  chœur où il ne restait pas une place libre. Il est vrai aussi que sous les voûtes de Sainte-Croix, la qualité de l’acoustique invite à des effets par les déplacements de voix.

De voix, le Bogaziçi Caz Korosu n’en manque pas. Ce jeune chœur d’Istanbul est représentatif d’un renouveau de l’art choral en Turquie, que révèle aussi l’âge de la plupart des compositeurs nationaux de son répertoire. Masis Aram Gözbek, 27 ans, moustache et chignon de samouraï, conduit cet ensemble mixte avec l’assurance d’un chef chevronné.

Les amours le plus souvent contrariés sont un thème fertile. En rouge et noir, couleurs qui évoquent tout autant Stendhal que le tube de Jeanne Mas, les interprètes du Bogaziçi Caz en restituent les multiples variations musicales appuyées sur des dispositions scéniques modulables.

Il en ressort une grande souplesse vocale, dont deux œuvres sacrées de Ko Matsushita ont fait s’épanouir la puissance chromatique. On  peut miser sur ce chœur appelé à un bel avenir.

Les quatre chanteuses de Méliades s’affirment, elles, comme une valeur sûre. « Coup de cœur » de Polyfollia, ce quatuor à cordes vocales a fait le choix audacieux d’interpréter exclusivement, ou presque, des œuvres de commande, créations ou arrangements de pièces anciennes, souvent du répertoire populaire.

Les harmoniques sont à la fête avec les Méliades, diapason toujours à portée d’oreille. Elles offrent un diamant de son, dont les facettes sont autant de nuances, que ce soit dans ce long poème spirituel « The Invisible Kingdom » ou dans une ronde berrichonne, « La rose et le rosier », dont elles ont fait participer le public.

Il revenait au chœur des antipodes, les Adelaide Chamber Singers de conclure cette soirée. Il a donné à découvrir des compositeurs australiens. Leur programme initial a été chamboulé au profit d’un madrigal de Monterverdi. Ce n’était peut-être pas le choix le plus pertinent, tant l’interprétation raide a pu déconcerter.

On s’est senti plus en phase avec deux pièces de Stephen Leek, « Uluru » et « Kondalila », inspirées de la culture aborigène. Et en bis un hymne à la voix et au chant choral résumait tout l’esprit de Polyfollia.

Le 25 octobre 2014 .

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