« Orphée et Eurydice », miroir en regard

Elle était attendue cette production d’« Orphée et Eurydice », créée à l’Opéra-Comique, en octobre 2018 par l’Ensemble Pygmalion de Raphaël Pichon ! Les années Covid 19 sont passées par là, bouleversant les programmes lyriques. Le théâtre de Caen a pu, avec d’autres maisons d’opéra, reprendre la main sur cette magnifique version du chef d’œuvre de Christoph Willibald Gluck. La distribution a été modifiée et l’orchestre de Vaclav Luks, Collegium 1704, a remplacé Pygmalion. Sans perdre au change et la magie de la mise en scène d’Aurélien Bory ajoute à la force émotionnelle de la musique.

Un dispositif scénique ingénieux associe réalité et imaginaire. (Photo Pierre Grosbois).

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Falstaff sauvé des eaux

C’est son dernier opéra. Au soir de sa vie, à 80 ans, Giuseppe Verdi s’est plongé dans un genre assez inhabituel pour lui, l’opéra bouffe. La verve shakespearienne, avec le personnage truculent de Falstaff, lui a inspiré une œuvre virtuose, où farce et drame sont l’avers et le revers d’une même pièce. L’Opéra de Lille en offre une lecture étonnante et vivace avec la complicité de Denis Podalydès à la mise en scène. Solistes, musiciens de l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, sous la baguette d’Antonello Allemandi et chœur de l’Opéra de Lille se font les interprètes d’un tourbillon musical épatant. Coproducteur, le théâtre de Caen accueille ce spectacle pour trois soirs.

Mrs Quickly (Silvia Beltrami) déguisée en infirmière et Falstaff (Elia Fabbian) qui ne s’attend pas encore à un sérieux traitement d’amaigrissement! (Photo Alfonso Salgueiro. Grand Théâtre du Luxembourg).

 

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« David et Jonathas », l’amour, la mort, l’amer

Depuis la création de son ensemble Correspondances, Sébastien Daucé n’a de cesse de mettre en valeur l’œuvre de Marc-Antoine Charpentier. Sorti tout récemment, l’enregistrement « Messe de Minuit » suscite éloge et enthousiasme  (1). Et, dans le répertoire lyrique, la production de « David et Jonathas » va faire date. La première a eu lieu au théâtre de Caen. Musicalement, les interprètes et instrumentistes sont remarquables. La mise en scène de Jean Bellorini offre un cadre pertinent à cette tragédie biblique, au message d’une actualité brûlante.

David et Jonathas (Petr Nekoranec et Gwendoline Blondeel).  Photos Philippe Delval.

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« Pelléas et Mélisande », quai des brumes…

Dernier opéra de la saison 2022-2023 du théâtre de Caen, « Pelléas et Mélisande », l’œuvre mythique de Claude Debussy tirée de la pièce de Maurice Maeterlinck, a reçu un magnifique accueil, mercredi et vendredi derniers. Créée à l’Opéra de Lille, cette production était pleine de promesses : le concours de l’orchestre Les Siècles, conduit par Nicolas Simon, la mise en scène de Daniel Jeanneteau, des interprètes d’excellence enfin. Avec en tiercé gagnant, Alexandre Duhamel, formidable Golaud ; Vannina Santoni, délicate Mélisande ; Julien Behr, sensible Pelléas.

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« Tristan et Isolde », tout pour la musique

Accueillir une des œuvres majeures de Richard Wagner était une occasion rare offerte par l’Opéra national de Lorraine, vendredi et dimanche au théâtre de Caen. La scène caennaise, qui participe avec Lille à cette production de « Tristan et Isolde » en a fait un des spectacles phare de sa saison. Vocalement et musicalement, des sommets de beauté ont été atteints sous la direction de Leo Hussain. Les partis pris de mise en scène de Tiago Rodrigues, le nouveau patron du festival d’Avignon ont été, eux, diversement appréciés.

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« The Indian Queen », le théâtre et son « double »

 

« The Indian Queen » par Concert d’Astrée emmené par Emmanuelle Haïm, dans une mise en scène de Guy Cassiers, a fait sensation au théâtre de Caen. De longues minutes d’applaudissements ont salué cette production singulière et envoûtante. A la fois théâtre et opéra, l’œuvre de Purcell, restée inachevée, se trouve comblée, dans tous les sens du terme, par un choix d’extraits tirés des répertoires du compositeur et de son contemporain, Matthew Locke. Un usage éclairé de la vidéo et des interprètes remarquables tant dans la fosse que sur le plateau concourent à cette belle réussite.

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« Treemonisha », l’arbre de vie

 

Ouverture de saison réussie.  Le public du théâtre de Caen a réservé un accueil enthousiaste à la compagnie sud-africaine Isango et à son spectacle « Treemonisha », dont c’était la première avant une tournée. Avec cette œuvre, le compositeur Scott Joplin signait là le premier opéra par et pour des Afro-américains. L’Isango Ensemble et son metteur-en-scène, Mark Dornford-May en ont tiré une adaptation très percussive sans en affecter l’esprit positif.

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« Alcina », l’amour en trompe-l’œil

Belle et grande production que cette « Alcina » de Haendel, présentée deux soirs de suite au théâtre de Caen. Vávlav Luks, à la tête de Collegium 1704 et Jiří Heřman à la mise en scène, donnent à cette production tchèque un souffle musical et une inventivité, servies par décor étonnant, mouvant et polymorphe. Cet opéra est un festival d’arias et de prouesses vocales. Dans le rôle-titre, la soprano canadienne Karina Gauvin mène une distribution internationale hors-pair, parmi laquelle le jeune contre-ténor américain Ray Chenez s’affirme comme un nom vraiment à suivre.

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« Cosi fan tutte », contentissimi!

Avec Emmanuelle Haïm à la baguette, Laurent Pelly à la mise en scène, c’est un « Cosi fan tutte » prometteur qui s’annonçait au théâtre de Caen. L’intérêt était de surcroît aiguisé par la présence sur scène de l’enfant du pays, le ténor Cyrille Dubois. Le résultat a dépassé l’attente. L’opéra de Mozart a été servi par un orchestre, le Concert d’Astrée, au mieux de sa forme, une équipe de chanteuses et chanteurs au diapason. Le tout dans une scénographie judicieuse.

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« Cupid and death », le masque et la flèche

Il y a quelque ironie à présenter un « mask » _ lointain ancêtre anglais du music-hall _ devant des spectateurs masqués. Mais au moins, le public du théâtre de C aen a-t-il retrouvé le chemin des fauteuils pour cette découverte qu’offre « Cupid and Death ». On la doit à l’infatigable explorateur des répertoires qu’est Sébastien Daucé, avec son ensemble Correspondances. Comme pour « Songs », il y a trois ans, c’est dans l’Angleterre du XVIIe siècle qu’il a déniché cette pépite que l’on doit aux compositeurs Christopher Gibbons et Matthew Locke sur un texte de James Shirley. La complicité d’Emily Wilson et de Jos Houben, à la mise en scène, ajoute à ce « mask » un souffle de folie douce.

Cupidon se trompe de flèche et les ennuis commencent… (Photo Alban Van Vassenhove)

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